Selda, éponyme, 1975, Turkuola, ré-édition B-Music/Finderkeepers, 2006
À partir des années 1940 et 1950 la Turquie se développa une tradition de musique rock s’inspirant de l’occident et qui comprend sans doute une poignée des 45 tours les plus éclectiques et surprenants de l’histoire de la musique rock. Pendant les années 1960 et 1970, certains groupes rock comme Apaslar (Les Appaches), Mongollar (Les Mongols) et Ersen s’inspirèrent des groupes populaires des États-Unis et de l’Angleterre pour créer une un bon rock typiquement turc. Cette musique, connue sous l’appellation de rock anatolien, s’apparente à du rock légèrement progressif et, se démarquant toutefois par ses textes chantés en turc et ses synthétiseurs ou guitares électriques reproduisant des mélodies inspirées du folklore anatolien.
Selda Bagcan est sans doute l’une des plus importantes figures de ce courant. Souvent comparée à Joan Baez, elle débuta sa carrière en 1971 comme chanteuse activiste et revendicatrice. Elle développa rapidement une réputation de chanteuse engagée, prête à subir les conséquences de ses revendications. Son attitude et ses actions l’amenèrent d’ailleurs à séjourner en prison pendant la première moitié des années 1970.
En 1975, la maison de disque progressiste Turkuola offre l’opportunité à Selda d’enregistrer ses deux premiers disques. Le premier de ces deux albums éponymes est un mélange unique de folk radical, de rock psychédélique, de funk et d’effets électroniques. Son deuxième disque est, quant à lui, un effort plus folk et beaucoup plus sobre. Encore aujourd’hui, 30 ans après sa sortie originale, le premier disque de Selda est toujours aussi percutant et surprenant. Le son lourd ainsi que les sonorités expérimentales et funky sont le fruit de la collaboration avec le groupe Dadaslar alors dirigé par les producteurs et musiciens, Zafer Dilek et Arif Sag. Les autres disques produits par ces deux pionniers de la musique expérimentale turque sont aujourd’hui également très prisés par les collectionneurs et amateurs de musique psychédélique.
Après la parution de ses deux premiers albums, Selda continua de sortir régulièrement des disques et cassettes, en plus de se faire une réputation enviable dépassant les frontières de la Turquie. Elle est encore active aujourd’hui et continue de jouer les pièces de son imposant répertoire.
À écouter :
Yaylalar est une pièce unique. La rythmique et la basse au début de la chanson seraient déjà suffisantes à ravir tout amateur de funk. L’ajout de la mélodie jouée au synthétiseur ainsi que la voix de Selda l’élève au statut d’un classique. Même si le texte est en turc, on peut sentir dans les intonations vocales de Selda son engagement et son côté radical.
2 comments:
Salut, je viens de découvrir ce blog après avoir découvert par hasard Selda dans une playliste éclectique du groupe Animal collective. Moi qui adore déjà toute la musique psychée des années 70 (cf. Kourosh Yaghmaei), mais aussi toute la richesse des groupes et orchestres funk, jazz en Afrique à cette même période...
Ton blog est une merveilleuse découverte, merveilleuse ! Merci de faire partager tes découvertes !
Merci pon ton commentaire. J'aime bien Kourosh également. Tu devrais également porter une attention à googosh !
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