Nov 25, 2010

21.1 Québec (Canada)

Le Groupe Haïti-Mini, Patchuco. Pressage Privé, 1972

Avis : Pour ce premier texte sur le Québec,  j’ai choisi d’explorer la musique de la diaspora haïtienne de Montréal.  Je ferai bientôt un mix avec mes 45 tours québécois préférés, mais entretemps, je vous recommande de visiter les blogues Psyquébélique, Vente de Garage et Patrimoine Pq pour découvrir d’autres facettes de la musique populaire québécoise.  

Selon l’excellent guide du Montréal Multiple, la diaspora haïtienne de Montréal compterait plus de 90 000 personnes, ce qui en ferait une des plus importantes en Amérique du Nord. En vivant à Montréal, on ne peut que constater que cette communauté contribue pleinement à façonner le paysage bâti et culturel de Montréal ; pensons à des personnalités connues comme Dany Laferrière, à des lieux insolites comme le dépanneur Vaudou du boulevard Pie IX ou encore aux nombreux taxis haïtiens qui circulent dans la ville au rythme de la radio haïtienne de Montréal. 
   
Comme nous l’avons déjà vu au chapitre 15 de ce blogue, c’est pendant le régime des Duvalier que se sont établies plusieurs diasporas haïtiennes dont celles de Montréal, de Miami et de New York.  Pendant cette période, plusieurs grands orchestres d’Haïti, comme le Tabou Combo de Pétion-Ville, les Shleu Shleu et les Gypsies de Pétion-ville, multiplièrent les tournées de concerts à travers les diasporas pour ainsi partager la musique du pays avec ceux l’ayant quitté (phénomène qui se poursuit toujours, d’ailleurs selon la page facebook de Robert Martino, les Gypsies de Petion-Ville pratiqueraient actuellement pour une série de concerts).  Pendant ces tournées, les groupes enregistrèrent souvent des disques souvenirs comme en témoignent ceux des Loups Noirs et des Shleu Shleu à New York.  Parallèlement à ce phénomène, plusieurs orchestres ‘régionaux’ furent fondés au sein même des diasporas tels que le groupe Volo-Volo de Boston ou encore les Gypsies de Queens (probablement nommés en hommage aux Gypsies de Pétion-Ville).  Ces orchestres, qui comprenaient souvent des musiciens renommés et ayant fait leur apprentissage en Haïti, pouvaient assurer une présence continue dans les bals haïtiens locaux.   

Dans cette mouvance, plusieurs orchestres, aujourd’hui malheureusement oubliés, furent également formés pour divertir la population haïtienne montréalaise (ça ferait d’ailleurs un excellent projet de compilation ! ).  C’est le cas du Groupe Haïti-Mini de Montréal qui fut créé à cet effet :

« Depuis tout un lustre, les Haïtiens vivant à Montréal souffraient de l’absence d’un mini-jazz. Néanmoins, le 21 mai 1972, sous la direction de M. Fritz Dorvilier, prit naissance un groupe musical.  Carmin Bichotte, saxophoniste bien connu, le baptisa du nom d’Haïti-Mini.  Et depuis lors, les Haïtiens revivent les moments heureux qu’ils avaient connus en Haïti. »  Selon les notes de la pochette. 

À ma connaissance, le Groupe Haïti-Mini n’enregistra qu’un seul 33 tours. Ce disque semble être produit par le groupe lui-même puisqu’à l’exception du mystérieux code 1001, aucune mention de compagnie de disques ou de distribution n’apparaît sur la pochette. (D’ailleurs le site Konpa Info ne contient quasi aucune information sur ce disque) Le disque comprend 11 courtes chansons inspirées du compas-direct tel que joué par les mini-jazz des années 1960.  À mon sens, le disque comprend 4 chansons qui mériteraient d’être rééditées sous la forme d’un 45 tours.  J’aimerais produire ce disque et, pour ce faire, je devrai retrouver les membres du groupe.  Si jamais vous connaissez : Ernst Perrin (saxophone, chant et maestro), Frantz Laurent (basse et chant), Renaud Casimir (guitare principale), Daniel Edouard (guitare d’accompagnement), Yves Lebon (batterie), Marc Laguerre (tambourineur) ou Fritz Dorvilier (administrateur), svp les aviser qu’ils sont recherchés par les Rythmes Étranges.