Nov 25, 2008

3 Syrie


Omar Souleyman, Highway to Hassake (Folk and Pop Sounds of Syria), Sublime Frequencies, 2006

Localisé au cœur du Moyen-Orient, la Syrie était jadis un véritable carrefour culturel qui rayonnait à travers le monde Arabe. Le pays a conservé aujourd’hui ses traditions musicales plus classiques, mais sa musique populaire s’inspire désormais davantage de la culture de masse populaire de l’Égypte et du Liban.

En Syrie, il semble qu’Omar Souleyman soit une légende. Son impressionnant catalogue de cassettes, qui comprend quelque 500 titres, serait visible et disponible tant sur les tapis des vendeurs itinérants que dans les marchés et boutiques de l’ensemble du pays. Highway to Hassake, son premier cd disponible en Amérique du Nord, est un échantillon qui comprend les meilleures pièces issues de ces cassettes produites entre 1996 et 2006.

La compagnie Sublime Frequencies présente le disque Highway to Hassake comme un portrait de la musique populaire syrienne actuelle. La musique d’Omar Souleyman semble être conçue avec l’objectif d’aliéner une audience en la gavant de rythmes rapides et répétitifs. Plutôt simples, la majorité des pièces prennent la forme de chanson à répondre où chaque court couplet est suivi de quelques mesures de claviers ou de luth jouées à une vitesse frôlant l’hystérie. Le tout est appuyé par une section rythmique synthétique, répétitive et frénétique ainsi que des mélodies et instrumentations qui rappellent la musique libanaise, turque, iraquienne et égyptienne. La qualité des enregistrements est souvent passable, parfois même médiocre, et Omar Souleyman n’est certainement pas un grand chanteur ; malgré ce manque de finesse et de subtilité, sa musique a le mérite d’être déstabilisante, entraînante et vraiment efficace.

À Voir :

Le vidéo pour la chanson « Leh Jani », première piste du cd, est tout simplement incroyable. On y voit Omar Souleyman se faire aller la moustache et les lunettes, en compagnie de ses musiciens devant un auditoire en délire. C’est bordélique et chaotique, mais franchement sympathique.

''Leh Jani''


Nov 18, 2008

2 Pologne

La diversité de la musique enregistrée en Pologne est impressionnante : en plus d’avoir hérité d’une grande tradition classique et folklorique, le pays s’est illustré tant par la qualité et l’avant-gardisme de sa musique jazz que par son blues, rock fusionné de funk et aux allures progressives.


Jerzy Milian, Orkiestra Rozrywkowa Peitv, Muza Polskie Nagrania, 1970

Au départ plus traditionnel, le jazz polonais fut rapidement transformé par plusieurs musiciens dont le pianiste Krystof Komeda. Les déclinaisons et l’évolution des styles sont perceptibles à l’écoute des volumes de la série Polish Jazz par la compagnie de disque nationale : Muza Polskie Nagriana. Cette série produite à partir du début des années 1960 contient, entre autres, les enregistrements des festivals Jazz Jamboree ainsi que certains albums clés comme ceux de Komeda, du Polish Jazz Quartet et de Thomasz Stanko.

Le vibraphoniste Jerzy Milian est un de ces grands noms du jazz polonais. En plus de jouer pour de nombreux trios, quartets ou quintets, il enregistra pendant sa longue carrière plusieurs albums dont le classique ‘Bazaar’ en 1967. La pièce Gacek, tirée d’un de ses albums subséquents, lui permet d’approfondir ce registre un peu groovy et typique du jazz européen de la fin des années 1960 et 1970. Avec ses orchestrations de cordes, ses mesures de flûtes traversières, de vibraphones ainsi que les voix des choristes, Gacek rappelle également le son de certains artistes qui enregistrèrent pendant la même période sur l’étiquette allemande de disques MPS.

Jerzy Milian, Gacek : http://www.sendspace.com/file/zekcqn


Blackout, Muza Polskie Nagrania, 1967

Formé en 1965, le groupe Blackout est l’un des premiers groupes pop revendicateurs du pays. La collaboration du groupe, surtout du guitariste et principal compositeur Tadeuz Napela avec le poète Bogdan Loebl, a résulté en l’enregistrement de quelques-uns des premiers hits à saveur politique du pays tels que Te omby Leca Na Nasz Dom (These bombs fall on our home) ou encore Pozwolcie Nam Zyc (Let us live).

Le son de Blackout s’apparente aux Yardbirds, Animals et autres groupes de l’invasion Britannique des années 1960. Malgré cette ressemblance évidente, les structures des chansons, le style de jeu de l’organiste, les textes en polonais, les voix enregistrées légèrement en écho du chanteur Stanislaw Guzek et de la chanteuse Mira Kubasinska permettent à Blackout de se former un son propre à lui et de se détacher du lot des nombreux groupes de la même époque.

Moins d’une année après la parution de l’album, Blackout change de nom pour Breakout. Les membres du groupe enregistrent pendant les années 1970 plusieurs albums où ils mélangent le folk, le blues, le funk et le progressif. Malheureusement, la disponibilité de ces albums est toujours limitée. Vous trouverez quelques titres disponibles en import via des sites comme celui de Dusty Groove ou celui de Polskie Nagrania (toujours actif). L’excellente série Polish Funk produite par Polskie Nagrania, qui compte actuellement trois volumes, est sans doute un bon point de départ.

Blackout : http://www.sendspace.com/file/6j02t0

Breakout : http://www.sendspace.com/file/am4zhc