Jun 9, 2010

17 Guinée


Bembeya Jazz National – Mami Wata / Whisky Soda, Éditions Syliphone Conakry, 1973
En 1951, Sékou Touré, devient le chef du Parti Démocratique Guinéen (PDG) et entraine son pays dans une révolution qui mènera à l’indépendance de la Guinée en 1958.  Le système colonial français est alors remplacé par un système de gouvernance socialiste à tendance dictatoriale et toutes les institutions et valeurs héritées du régime colonial furent reniées.  Dans cette mouvance, Sékou Touré dissout les orchestres jouant un répertoire occidental et demande aux musiciens de revenir aux rythmes et traditions Mandingues et de développer une musique moderne inspirée des valeurs et rythmes traditionnels du pays.  
En 1959, Sékou Touré fonde le Syli National, le premier orchestre de musique populaire moderne de Conakry.  L’orchestre qui rassemble alors les meilleurs musiciens de la capitale est rapidement dissout pour former deux des groupes les plus importants du pays soit : Kélétigui et ses Tambourinis et Balla et ses Balladins.  Sékou Touré encourage par la suite la fondation de nombreux orchestres régionaux/fédéraux dans tout le pays.  Pour chacun, de ces orchestres, l’état fournit de l’équipement, une salle de spectacle ainsi que la diffusion de leur musique via la compagnie de disques étatique : Les Éditions Syliphone Conakry.   
En 1961, le préfet de la région de Beyla fonde le Bembeya Jazz Nationnal, nommé en hommage à la rivière qui traverse la région. L’orchestre devient rapidement un des plus importants groupes du pays en s’illustrant lors des compétitions interrégionales et nationales.  Pendant près de 30 ans de carrière, le Bembeya Jazz National enregistre plusieurs 33 tours, dont une bonne quantité font l’éloge au PDG, à Sékou Touré et à l’histoire de l’indépendance de la Guinée.  À cet effet, le disque Regard sur le Passé de 1969 est sans doute un classique du genre. Le disque comprend un récital sur l’histoire de l’indépendance de la Guinée de plus 25 minutes qui est scindé en deux parties occupant les deux faces de l'album.  
Le groupe enregistra également une quantité considérable de 45 tours.  Comme ce format ne permet pas de graver des pièces fleuves de plus de 6 ou 7 minutes, le groupe les utilisa davantage pour la diffusion de leurs chansons plus rythmées.  Le 45 tours Mami Wata / Whisky Soda de 1973 est loin du ton sérieux du disque Regard sur le passé et comprend deux chansons plutôt bouffonnes qui mélangent le style High Life (genre de jazz moderne originaire du Nigéria et Ghana)  aux sonorités cubaines.  Le jeu de guitare de Sékou Bembeya Diabaté est particulièrement remarquable sur Mami Wata, une pièce plutôt simple qui fait l’éloge de la déesse de l’eau et qui représente bien la musique afro-cubaine enregistrée pendant les années 1970 en Afrique de l’Ouest.
Pour une histoire complète sur l’histoire des groupes fédéraux de la Guinée, je vous recommande les excellents livres : Musique de toutes les Afriques de Gérald Arnaud et Henri Lecompte (Fayard) et L’Épopée de la musique africaine : Rythmes d’Afrique Atlantique de Florent Mazzoleni (Hors Collection) ainsi que l’Anthologie des Orchestres Fédéraux de Guinée paru chez Stern/Syllart.
Dirigez-vous vers le site de Radio Africa pour une discographie complète du Bembeya Jazz National.


2 comments:

Anonymous said...

Super ton site!

JCL (Mtl Multiple!)

PS T'as oublié de dire qu'il y avait aussi Mahm,oud Ahmed au festival d'été de Qc.

Incontournable!

Lg alias Croustille alias Le Grand Guy D'Amérique said...

Merci JC,

C'est très apprécié.

Je crois que la version européene de la tournée Éthiopique comprenait également Alemayehu Eshete ! J'espère qu'il participera au show de Qc.

Effectivement ça va être incontournable !!